Voilà la suite et fin de notre série sur les Foires aux Vins 2019 ! Si vous ne les avez pas encore lu, je vous conseil de passer voir le premier et le deuxième article. Je suis un peu en retard pour cette troisième partie, et ce pour plusieurs raisons. J’ai repris le travail depuis le début du mois, donc il m’est plus difficile de rester “à jour” dans mes publications. Mais j’avais également un coup de gueule à pousser. Mais cela attendra la fin de cet article, place aux Foires !
Carrefour Market (20/09 –> 6/10)
Les supermarchés de chez Carrefour proposent une gamme moins étendue que dans les hypers, évidemment. Mais on a tout de même certaines des belles bouteilles dont j’avais déjà parlé dans l’article précédent. Ainsi vous pourrez y trouver le Cahors du Château Lagrezette que je vous ai déjà recommandé. Si vous aimez les vins du sud, optez pour le Saint-Chinian Roquebrun de la Cave de Roquebrun. Un assemblage Syrah-Grenache-Mourvèdre qui saura vieillir 2-3 ans pour vous offrir un accompagnement parfait pour une viande rouge grillée ou un gibier à plume. Pour 10,95€ (en ce qui concerne la Cuvée de Eclats de Schistes) , vous avez de quoi garnir vos étagères !
Il existe dans la campagne du Roussillon un domaine presque légendaire : le Mas Amiel. Son origine remonte en 1816 quand les 10ha de terres qui le constituaient alors furent perdues au jeu par l’Evêque de Perpignan au profit d’un ingénieur, Raymond Etienne Amiel. Je vous passe les histoires de famille, toujours est-il que le Mas Amiel est aujourd’hui un grand nom du Roussillon, notamment pour les VDN (Vins Doux Naturels) comme le Maury dont il est toujours un fier représentant. Mais en 2011 a été crée l’AOC Maury Sec afin de montrer le potentiel de la région pour les vins secs différents.
C’est donc un vrai bonheur pour moi de pouvoir conseiller deux bouteilles d’un coup provenant du domaine mythique du Mas Amiel. Carrefour Market propose en effet ses cuvées Promesse (blanc 2018) et Carerades (rouge 2016) respectivement à 9,95€ et 15,95€. Le domaine est intégralement en bio et vous fera découvrir des vins atypiques et riches. Petit conseil cependant, si vous optez pour le blanc : laissez le patienter deux ou trois ans minimum, la cuvée Promesse est un poil agressive dans sa jeunesse.
J’ai eu un petit flash en parcourant le catalogue des Foires aux Vins 2019. On va encore me taxer de délaisser nos merveilleuses bouteilles bien françaises, mais tant pis, j’assume. Entre la Sicile et la Tunisie, à environ 75km à l’est de Kélibia , se dresse la petite île volcanique de Pantelleria. Sur ce lopin de terre de 83km² se produit un vin exceptionnel. Un Muscat d’Alexandrie cueilli à pleine maturité puis séché pendant plusieurs semaines sur claies (passerillage). Lorsque le sucre est bien concentré, le raisin fait l’objet d’une vinification lente puis d’un vieillissement de 24 mois en fût. En résulte un vin riche, concentré, presque crémeux qui sublime vos fins de repas (accord idéal avec des fruits confits ou exotiques, voire un dessert mangue/chocolat noir). Cette année chez Carrefour Market, la bouteille de 50cl de Sangre de Oro 2017 est à 28,50€, soit une réduction de plus de 40% sur son prix habituel. A ne pas manquer, donc…
Système U (24/09 –> 5/10)
Chaque année, les magasins U sont parmi les sélections les plus dures à décortiquer. Non pas que l’offre soit floue, simplement incroyablement vaste. 1000 références sont proposées cette année dans les enseignes d’Unilever. Une sélection ultra étendue dans laquelle je me suis perdu plusieurs fois, pour être honnête… Donc je me suis raccroché à mes valeurs sûres, des noms dont je connais le travail ou la philosophie et auxquels je fais confiance.
On commence donc par un Saint-Joseph. C’est facile pour moi, j’habite littéralement DANS le territoire de l’appellation et j’ai plusieurs amis qui produisent d’excellentes cuvées de ce joli vin rouge. Je vous ai parlé plus haut du Mas Amiel, le prestigieux domaine du Roussillon. Le propriétaire de ce dernier depuis 1999, Olivier Decelle, a également acheté depuis le vignoble De Boisseyt, un domaine partagé entre côte-rôtie, condrieu et saint-joseph. C’est son ami Pierre-Jean Villa qu’il laisse au commande de ce vignoble de rêve aux environs de Chavanay, dans la Loire. Système U propose cette année la cuvée 2018 de son Terre de Granit pour 13,95€. Laissez lui trois ou quatre ans pour ajuster sa structure et vous aurez un grand vin structuré, avec de beaux arômes de mûre et poivre noir si typique des Syrah de cette région.
Quand on regarde les sélections des Foires aux Vins 2019, on se rend bien compte que les vins bios et biodynamiques sont de plus en plus appréciés, tant par les enseignes que par les consommateurs. Certains domaines voient la transition en bio comme une adaptation logique et nécessaire au marché en constante évolution. D’autres, en revanche, ont toujours mis le respect de l’environnement au cœur de leur philosophie et de leur méthodes de production. Et si en plus ça peut vous faire découvrir un des vignobles français les plus méconnu… Je vous présente la cuvée 2018 du Clos Culombu. Le domaine corse situé à Lumio juste en face de Calvi (dont il porte l’appellation) ne se contente pas de respecter les standards des labels bio et biodynamique. En effet, la famille Suzzoni, propriétaire et exploitant du Clos, s’est engagé auprès du CRVI (Centre de Recherche Viticole de Corse) pour réimplanter d’anciens cépages corses oubliés pour préserver la typicité du vignoble insulaire. A 7,95€ la bouteille, vous aurez ainsi un très bon vin à sortir en apéritif ou sur un poisson grillé tout en soutenant cette idée de la viticulture.
Allez, une petite dernière pour la route. Ou plutôt une grosse dernière, puisqu’il s’agit pour une fois d’un magnum (1,5L) que je vous conseille. Le Margaux 2017 du Château¨Paveil de Luze, à 35€ (un bon 23% de réduction par rapport au prix classique) vous propose un joli Graves qui pourra, après au moins trois ans en cave, accompagner parfaitement vos plats de viandes rouge ou de gibier. Et pour ceux que le format 1,5L rebuterait, sachez que plus la bouteille est grande, mieux le vin évolue.
Auchan (24/09 –> 8/10)
Une bien belle sélection pour la marque au rouge-gorge notamment sur les Bordeaux avec 120 grands crus. Personnellement c’est le Pauillac du Château Fonbadet qui a retenu mon attention. Pour 27,90€, soit environ 25% de remise, vous pourrez vous offrir un grand cru du domaine voisin du fameaux Château Latour. Un beau représentant de cette région prestigieuse qui demandera tout de même quatre ou cinq ans de garde avant de révéler son plein potentiel.
Si vous n’êtes pas un grand amateur de Bordeaux (ça a été mon cas pendant longtemps), je vous orienterais alors sur le Côte-Rôtie 2017 de chez Tardieu-Laurent. A 27,50~la bouteille, on est sur une réduction de plus de 40% par rapport au prix habituel que j’ai pu constater, une vraie bonne affaire ! Pour le profil de ce vin, il faut noter que la cuvée des Lauzières ne contient que de la syrah (l’appellation Côte-Rôtie autorise jusqu’à 20% de viognier, seule dans ce cas en Côtes du Rhône septentrionales). Vous aurez ainsi affaire à un vin parfumé et vif, avec un bon potentiel de garde. Il peut cependant se boire rapidement si l’on veut rester sur les notes florales de violette caractéristique du cépage.
Il y a un vignoble que j’évoque peu dans mes articles jusqu’ici : celui du Val de Loire. Je me penche beaucoup dessus en ce moment – d’un point de vue personnel – car j’ai conscience qu’il est le vignoble français que je connais le moins bien, sans doute a cause de l’éloignement géographique (je vis en Côtes du Rhône). Pourtant, il est des appellations que j’ai appris à reconnaître et apprécier dans cette région de châteaux. J’aime l’Anjou pour ses rouges légers, les Côteaux du Layon en doux et les Pouilly-Fumés en secs. Et j’aime, j’adore même, l’appellation Vouvray et son sublime Chenin Blanc. Ses vins – tous blancs – peuvent être aussi bien secs que doux ou pétillants. Si les moelleux de Vouvray sont les plus prestigieux (car très rares et dépendants de la météo pendant l’année) c’est aujourd’hui d’un vin à bulle que je vous parlerai. Vinifié en méthode traditionnelle (disons identique au Champagne, pour faire simple), le cuvée Prédilection du Château de Moncoutour est issue de vendanges manuelles et d’une sélection parcellaire minutieuse. A 7,50€ le flacon, vous avez un rapport qualité prix imbattable pour l’apéritif ! A déguster cette année ou à garder quatre ou cinq ans en cave pour exacerber la saveur toastée.
E. Leclerc (1/10 –>13/10)
La marque a l’origine même des Foires aux Vins semble appliquer cette année une bien étrange stratégie. En effet, de 400 références l’an passé, elle passe à seulement 200 en 2019. Une offre qui baisse donc en quantité, mais qu’en est-il de la qualité? On peut déjà noter une augmentation drastique du nombre de vins bio et HVE (Haute Valeur Environnementale), passant de 3 à 15% du catalogue. Pour le reste… disons que c’est correcte. Leclerc ne fait pas de coup d’éclat cette année mais reste sur ses valeurs sures. Un peu petit bras à mon goût sur l’ensemble de l’offre, tout de même…
Nous avons tout de même de bonnes bouteilles, comme par exemple en Bourgogne avec le Rully Blanc 2018 du Clos des Mollepierres de chez Sébastien Roux à 15,60€. Ce joli cru de la côte chalonnaise, produit en bio, accompagnera idéalement un plat de volaille blanche ou de poisson fin. Vous y trouverez des notes de fleurs blanche type acacia et de sureau. Si vous trouvez la patience de le laisser vieillir quelques années (3 à 5 ans optimalement), vous trouverez des notes de coing et les arômes beurrés si caractéristiques des chardonnays bourguignons.
Si c’est plutôt le Bordeaux qui a votre préférence, le Puisseguin-Saint-Emilion du Château Rigaud par Pierre Taïx à 9,40€ devrait vous convenir. En bio également, c’est une cuvée de vieilles vignes dominée par le merlot. J’ai eu l’occasion de goûter il y a quelques temps la cuvée 2016, très portée sur la cerise noire avec une belle rondeur et des tanins bien fondus. Le millésime 2018 en vente ici supportera facilement deux ou trois ans de cave, mais il peut aussi se boire dans l’année sans problème.
Pour finir, je vais encore une fois vous faire voyager un peu puisqu’on va partir… en Hongrie. Oui, je sais, ce n’est pas la première destination oenotouristique qui vient à l’esprit de la plupart des gens. Et pourtant, à cheval sur la frontière avec la Slovaquie se trouve un vignoble exceptionnel : Tokaj-Hegyalja. On y produit un vin blanc doux d’une qualité exceptionnelle, le Tokay (souvent orthographié “Tokaji”). La production de ce vin est un travail de longue haleine, issu d’un processus unique et extrêmement dépendant des aléas météorologiques. Celui que propose Leclerc cette année est issu du millésime 2013 et a été vieilli trois ans dont deux en fûts de chêne. Pour 15,90€, vous aurez donc une bouteille (50cl) originale d’un vin d’exception qui accompagnera merveilleusement vos desserts et fromages persillés. Sans compter que vous vous offrez aussi l’occasion de découvrir et faire découvrir un blanc doux unique et méconnu.
Conclusion
Oui, je sais, de nombreuses autres enseignes proposent des gammes très intéressantes pour ces Foires aux Vins 2019. Je me suis volontairement limité à une vingtaine de distributeurs pour plusieurs raisons. Tout d’abord, je dois bien avouer que parcourir vingt catalogues différents est déjà un travail assez intense. En plus de cela, je pense que trois articles sont largement suffisant, sans risquer de vous perdre en en écrivant d’autres. J’ai déjà du mal à suivre personnellement…
Je ressors tout de même de cette série un peu frustré. En effet, cela fait maintenant un mois que je vous livre mes préférences pour les Foires aux Vins 2019, décortiquant les catalogues de tous, mais surtout – il faut bien être honnête – des grandes enseignes. Hors, ceux qui me suivent le savent, je tiens la grande distribution comme principale responsable du manque de culture “œnophilique” aujourd’hui.
Je tiens donc à bien être clair dans ma démarche, même si je l’ai déjà dit au début du premier article de cette série : vous avez plus de chance de trouver une bonne bouteille en GD pendant les Foires aux Vins, mais ça reste l’un des pires endroits pour ça. Je ne le dirai jamais assez : si vous voulez vous faire plaisir avec une bouteille, entrez chez un caviste, voire même allez visiter les caves des vignerons près de chez vous ! Vous ne trouverez rien d’aussi bon en grande distribution…
Digression (encore…)
Il me reste une petite parenthèse à ouvrir très rapidement, considérant que si je peux faire passer le message à mon petit niveau, ma conscience ne s’en portera que mieux. Parmi les distributeurs que je n’ai pas étudié cette année, il y en a que je regrette un peu. Par exemple, Les Grappes ou La Vinothèque de Bordeaux, pour ne citer qu’eux. Mais il s’en trouve un que j’ai salement en grippe, particulièrement cette année.
Ce distributeur paria, c’est la chaîne Nicolas. Nicolas, c’est la grande distribution qui se fait passer pour un caviste. La déco codifiée, les caisses et rangement à bouteille soigneusement disposés dans le local pour vous rappeler le petit indépendant que vous connaissez peut-être, et le tour est joué.
Un tableau déjà pas très reluisant, mais en plus de très bien jouer le marketing (pour ne pas dire mentir) aux clients, Nicolas est connu depuis plusieurs années pour exploiter purement et simplement ses employés temporaires, notamment pendant les périodes estivales. Grâce à des partenariat avec des écoles (de commerce notamment), la franchise trouve facilement des étudiants désireux d’acquérir une expérience dans le domaine de la vente et la gestion.
Ainsi, jusqu’en 2016, lesdits étudiants qui remplaçaient les cavistes réguliers de Nicolas pendant leurs congés étaient engagés… comme stagiaires. Oui, oui, des stagiaires à 600 € par mois avaient pour mission d’assurer SEULS la gestion complète du magasin pendant un mois, voire deux.
Heureusement, depuis 2016 et leur redressement fiscal pour “salariat déguisé”, les “stagiaires” sont à présent “gérants mandataires non-salariés”. Un statut qui pourrait avoir ses avantages… si l’enseigne ne faisait pas signer aux étudiants une lettre de renoncement aux avantages du poste de gérant, notamment le logement de fonction (ou indemnité compensatrice de 600€).
Les voilà donc à gérer la boutique après 4 jours de formation, travaillant entre 45 et 50h par semaine pour un salaire dont le minimum conventionnel est fixé à 1675€ brut. Et bien entendu, les heures supplémentaires sont – selon les témoignages – rarement réglées. Bref, je laisserai à la justice le temps de faire son travail (l’action en justice est prévue pour 2020). Reste que ce genre de méthode ne risque pas d’encourager les jeunes générations à se lancer dans l’industrie du vin…
Merci !
Merci à vous d’avoir lu cet article, ainsi que les précédents de cette série consacrée aux Foires aux Vins 2019 ! N’hésitez pas à me faire vos retours en commentaires si vous avez vous-même fait de bonnes affaires cette année! A très bientôt !
Hello Arthur,
Merci pour ce dernier épisode de la trilogie. Moi qui n’y connais pas grand chose en vin, je prends quelques infos par ci et par là. Et je suis abasourdie de constater la foison de foire aux vins dans la grande distrib! Difficile de s’y retrouver et chouette initiative de ta part, de nous donner ton petit coup de main. Merci pour tous ces conseils.
Et je suis aussi écœurée par ce que j’apprends sur l’enseigne Nicolas…
Merci Aurélie !
Pour le coup j’ai un peu hésité avant de faire cette série, vu que je « lutte » un peu plus chaque jour contre la grande distribution. Mais pendant les foires aux vins, on peut trouver de bonnes affaires tout de même.
Le plus dommage c’est que la GD ne comprend pas ce qu’elle aurait à gagner à embaucher des sommeliers pendant les foires. Ils ont le stock, il devraient offrir le conseil.
Et Nicolas… Ça fait un moment que j’ai perdu espoir de voir ce genre de chaîne faire les choses correctement…
Merci Arthur pour cet article qui m’a fait saliver.
Cela me donne envie d’acheter l’une ou l’autre bouteille.
Merci aussi pour la franchise et l’absence de langue de bois !
Merci d’avoir pris le temps de le lire !
Oui dans ce genre de cas je ne prends pas de pincettes…