Cet article participe à l’événement inter blogueur organisé par Aurélie du blog Comment brasser sa bière que je recommande chaudement pour les aspirants brasseurs ! Vous trouverez JUSTE ICI son article de présentation de l’événement qui a pour thème : “Quelles astuces donneriez-vous à un débutant »?”. Venez donc découvrir mes astuces pour les débutants dans l’apprentissage du vin !
“Moi j’aime bien le vin, mais j’y connais rien…”
Il y a une chose qu’il faut toujours garder en tête lorsqu’on souhaite apprendre à déguster et connaitre le vin : personne au monde n’a une connaissance absolue de celui-ci. Même feu Gérard Basset (le Bocuse de la Sommellerie qui nous a malheureusement quitté début 2019) reconnaissait humblement avoir au moins autant à apprendre que ce qu’il savait déjà. La passion du vin, comme tant d’autres, est donc un éternel apprentissage.
Avant de commencer, je tiens à saluer votre courage : ce n’est jamais simple de se lancer dans un apprentissage, quel qu’il soit. Heureusement, malgré sa grande complexité, l’étude du vin à un avantage indéniable : la pratique est sacrément plaisante et ça s’améliore encore avec le temps. Plus vous développerez vos connaissances et votre sensibilité, plus vous serez capable de déceler les notes les plus subtiles, augmentant doublement votre plaisir de dégustation. D’abord parce que vous sentirez plus de choses, ce qui est agréable, mais aussi parce qu’il est incroyablement gratifiant d’arriver – par exemple – à détecter pour la première fois ce foutu goût de vanille (non, non, c’est pas du vécu…)
A présent, passons aux choses sérieuses, à savoir les astuces pour commencer votre apprentissage du vin sur les chapeaux de roues ! Connaître le vin, c’est un peu vague comme concept. Est-ce que vous souhaitez connaître tous les types de vin? Ou bien apprendre les techniques de dégustation? Ou encore savoir quelle bouteille accorder à vos menus? Tout ça en même temps? Bon, l’avantage, c’est que tout est lié ! On peut donc partir sur une base commune pour ce qui est des astuces d’apprentissage.
Savoir de quoi on parle : exemple
A l’été 2018, un ovni a débarqué dans le paysage œnologique français (et tout autour de la Méditerranée) : le vin bleu. Pendant des semaines, le phénomène passe dans tous les médias : télévision, journaux, sites spécialisés, tout y passe ! Double victoire marketing pour les créateurs du breuvage, puisque non seulement ils ont de la publicité gratuite, mais en plus de ça, la boisson est appelée “vin bleu” absolument partout. Le problème? Ce n’est pas du vin.
D’après René Le Bail, principal importateur de ce “Vindigo” (faut reconnaître que le nom de marque en jette grave!), le vin est issus de jus de raisins chardonnay “filtré dans la peau d’un raisin [noir]” (la citation disait rouge plutôt que noir, mais il y a de grande chance que ça soit une erreur du bonhomme, vu que les cépages rouges sont très rares et inadaptés dans ce cas là). Toujours selon Le Bail, l’anthocyane – une substance bleue contenue dans la peau noire – colorerait alors le jus en bleu.
Après des semaines d’un franc succès (notamment sur la côte d’Azur), les professionnels du vin tirent toutefois la sonnette d’alarme. En effet, si l’anthocyane existe bel et bien, il est plus qu’improbable qu’elle puisse être extraite aussi aisément et tout porte donc à croire que le joli bleu céleste du Vindigo viendrait de l’ajout d’un pigment bleu. Et quand bien même la coloration serait issue d’un marc de vin rouge, le procédé (ajout d’un marc rouge à un vin blanc) est strictement interdit, au même titre que l’ajout de pigment, bien entendu.
Ok, c’est une longue anecdote, mais elle a un but précis : quand vous voulez vous lancer dans le monde du vin, il faut être prudent, car la définition même du vin est variable selon où vous êtes et le marché colossal que représente cette industrie fait que des dérives semblables sont récurrentes. Donc, pour commencer, soyez bien attentifs aux informations que vous recevez.
Goûtez plus, mais surtout…
… goûtez mieux! Attention, je ne vous parle pas de ne goûter que des vins haut de gamme. Ca serait beaucoup trop coûteux, et pour tout dire contre productif. Je vous parle de votre manière de déguster. En fait, il y a trois choses très simples que vous pouvez mettre en place facilement pour vous améliorer presque sans effort.
Sens et conscience
Cela vous est-il déjà arrivé, dans la lecture d’un livre, de devoir revenir en arrière de plusieurs lignes car vous aviez lu sans retenir? Je suis presque sûr que oui. Pourtant vos yeux ont bien parcouru ces mots, mais votre cerveau n’a pas “imprimé” leur sens, parce que votre attention a été retenue ailleurs. Pour la dégustation, c’est la même chose, en remplaçant la vue par le goût.
Posez vous la question : vous souvenez-vous de la dernière fois que vous avez bu un verre de vin? Si vous êtes un amateur, la réponse sera sans doute positive. Maintenant, vous souvenez-vous vraiment de ce vin? Était-il acide, fruité, tannique, léger, puissant? Sauriez-vous décrire ce verre? Si oui, félicitations : vous pouvez passer au conseil suivant. Sinon, vous avez là l’astuce la plus simple à mettre en place pour apprendre vite : goûtez en conscience.
C’est à la fois évident et pourtant il faut se forcer un peu au début. Cependant, quand vous aurez pris l’habitude de prêter attention à TOUT ce que vous buvez – même le petit rouge en cubi –, vous verrez à quel point votre mémoire gustative se développera à pas de géant. Et pour ceux qui ont une mémoire capricieuse, il y a une solution simplissime !
C’est dans la poche !
Un carnet et un crayon. Mieux encore, pour ceux qui n’aiment pas s’encombrer les poches : une application de notes (je suis un inconditionnel d’Evernote). Voilà tout ce qu’il vous faut pour travailler la mémoire. La méthode est simple : chaque fois que vous goûterez un vin, prenez une minute pour rédiger une note de dégustation, c’est à dire un compte-rendu express. Ok, c’est peut-être encore un peu obscur, je suppose qu’un exemple vaut mille mots, donc voilà la dernière de mes notes (en version simplifiée) pour que vous ayez un modèle :
Voilà donc un exemple typique de note de dégustation : identification du vin puis analyses successives visuelle, olfactive et enfin gustative. En une trentaine de mots, vous imprimez sur papier – mais aussi dans votre mémoire – le souvenir de cette dégustation. C’est en fait une technique de formalisation ; faire passer l’information d’un signal gustatif (donc purement sensoriel) à l’écrit (sémantique) permet de la retenir bien plus efficacement. A noter qu’il manque ici une info essentielle, notamment pour les néophytes : le(s) cépage(s) utilisés pour fabriquer le vin (dans notre cas 100% Syrah puisque c’est un St-Joseph).
“C’est facile pour lui, il est sommelier, il sait quoi écrire”. Oui, mais pour être honnête, on s’en fout. Peu importe que vous ne parveniez pas à évaluer le niveau de tanins d’un vin ou que vous ne sentiez pas autant d’arômes, ça viendra avec le temps, je peux vous le promettre. L’important, c’est que vous inscriviez ce que le vin vous fait ressentir, même si vous ne trouvez pas les mots “pros” pour cela. Vous ne me croyez pas? Voilà un autre exemple de note, que j’ai rédigé il y a plus de deux ans, quand je commençais à me former :
Château de l’Hospitalet 2012
Rouge sombre
Fruits rouges, fort
Charpenté, âpre
C’est autre chose, hein ! Pourtant, c’était un vin que j’avais adoré, mais je n’avais pas su rendre mieux que ça à l’époque. Maintenant, je vais vous faire une confidence. A ce moment là, je n’avais ni carnet, ni Evernote sur mon téléphone. Cette note, je l’ai griffonnée au verso d’une photocopie de la carte du restaurant où je travaillais à l’époque. Cette carte, je l’ai bien sûr perdue depuis bien longtemps, mais cette note est toujours stockée quelque part, dans un recoin de ma mémoire, tout comme d’ailleurs, le goût de ce vin. Et en parlant de goût…
Développer son palais
Quand j’ai commencé mon cursus de sommelier, j’ai suivi les cours dispensés par une œnologue, ancienne sommelière. On avait tendance à se payer sa tête parce que pour plus de la moitié des vins (rouges) que l’on dégustait, on avait droit à la même question : “Vous sentez la vanille?”. Nous, on sentait que dalle. J’ai mis un an de pratique à détecter la vanille dans les rouges vieillis en fût. Et à l’heure d’aujourd’hui, je ne la rate presque jamais quand elle est présente. Tout ça pour dire qu’il est primordial d’entraîner son palais pour progresser.
Bon, avant de parler de la façon la plus efficace selon moi de développer ses aptitudes sensorielles, il faut que je vous donne un conseil un peu… sensible. Vous voulez vous améliorer dans votre connaissance du vin, voire même travailler dans cette industrie? Pour certains d’entre vous, il y a une façon simplissime d’améliorer votre palais : arrêter de fumer. Oui, je sais, vous êtes là pour apprendre des trucs sur le vin, pas pour qu’on vous fasse la morale, mais essayer de développer son goût et son odorat en fumant, c’est comme se mettre au piano quand on est manchot : certains y arrivent, mais ça reste pas top. Allez, j’arrête de vous embêter avec ça, passons aux choses sérieuses.
Il vous faut avant tout comprendre que la plupart des sensations que l’on pense être gustatives sont en fait olfactives ; le nez et la bouche travaillent ensemble, et sacrément bien. Ainsi, quand on parle d’une note de vanille (je ne vous lâcherai pas avec cette foutue vanille), il s’agit en fait de l’odeur de la vanille provoquée par la vanilline (un peu facile, celle-là) qui est intégrée dans le vin lors du vieillissement en fût de chêne. Donc, de la même façon que vous devriez boire en conscience (cf partie précédente, il faut suivre ! ), prêtez également attention à toutes les odeurs que vous croiserez. Et oui, j’ai bien dit TOUTES LES ODEURS. Pourquoi? Riesling.
Un Sans Plomb bien frais
Quand vous suivez de formations en sommellerie/œnologie/dégustation, vous êtes tôt ou tard amené à passer un examen de dégustation à l’aveugle. Vous vous retrouvez alors face à une bouteille sur laquelle est passée une chaussette de dégustation, comme sur l’image ci-dessous. En dégustant le vin, vous devez alors déterminer – selon le niveau de l’examen – le ou les cépages qu’il contient, son origine géographique, voire parfois son appellation (les meilleurs dégustateurs du monde étant capable de trouver le millésime en plus de tout cela). Le vin dégusté est le plus souvent tiré au sort parmi une sélection et si vous êtes chanceux, vous tomberez sur un riesling.
Le riesling est en effet l’un des meilleurs amis du dégustateur, puisqu’il souvent est très simple à identifier. En effet, il produit des vins à l’arôme caractéristique de pétrole (pour la plupart d’entre eux en tous cas). Ce n’est pas une faute de frappe, c’est bien “pétrole” que je voulais écrire. Vous pourrez vérifier la prochaine fois que vous ouvrirez une bouteille de riesling ; c’est toujours plus simple de trouver un arôme lorsqu’on sait qu’il est présent.
Vous comprenez donc pourquoi il faut s’efforcer de TOUT sentir. Comment pourriez vous déceler les notes de buis ou de bourgeon de cassis d’un sauvignon si vous n’en connaissez pas l’odeur? Idem pour la truffe blanche des vins blancs du Sud ou le poivre noir de la syrah. Alors sentez tout ce qui vous passe sous la main car les arômes du vin sont extrêmement variés. Et pour ceux d’entre vous qui souhaitent vraiment optimiser leur apprentissage, il existe un outil fantastique, bien qu’un poil onéreux : le coffret Le Nez du Vin de Jean Lenoir.
Je vous ai mis tout ça en lien, car c’est un produit que je connais et que je recommande. J’ai vu il y a peu qu’Aromaster avait aussi un coffret qui semble plus complet, mais ne l’ayant pas testé, je ne peux pas encore vous en faire la promotion. Dans tout les cas, le principe est le même : chaque jour, vous prenez trois minutes pour sentir trois ou quatre flacons correspondant chacun à un arôme potentiellement présent dans le vin. A force, votre cerveau enregistrera ces odeurs et vous les identifierez plus facilement. Vous pouvez aussi vous faire des petits tests en prenant un flacon sans lire l’étiquette et tenter d’en déterminer l’arôme. C’est une méthode vraiment très efficace.
La puissance d’Internet
Que vient faire Internet dans tout ça? Et bien c’est là ma troisième et dernière astuce, bien plus concise, celle-ci : farfouillez sur le web et trouvez vous deux ou trois créateurs de contenu sur le vin qui vous plaisent. Les ressources ne manquent clairement pas, et les formes sont variées. Il existe une grande variété de format et de ton, il est sûr que vous pourrez trouver votre bonheur. Afin de vous aider, je vous ai fait une petite sélection de médias vin que j’apprécie particulièrement, n’hésitez pas à me partager vos petits chouchous dans les commentaires.
Commençons tout de suite avec mon préféré du moment, dont j’attends chaque vidéo avec la même impatience : Loïc Geoffray et son émission Vin’Stache. Loïc est un professionnel du vin qui a abordé l’industrie par une voie toute différente de la mienne, puisqu’il a un diplôme en management des vins et spiritueux. En résulte une approche résolument analytique du vin et surtout de l’écosystème qui gravite autour de chaque notion. Chaque vidéo fait l’objet de sérieuses recherches, et d’un montage très dynamique avec la pointe d’humour qui va bien… Bref, c’est du tout bon ! Voilà le lien vers sa chaine :
Quand on parle de blogueur vin, il y a un incontournable, le patron, le boss final dans la catégorie : Emmanuel Delmas du Blog Sommelier Vins. Ancien sommelier de restaurant dans des maisons de prestige comme le Fouquet’s, La Tour d’Argent ou auprès du chef Alain Ducasse, Emmanuel Delmas est un passionné du vin comme je les aime. Il est de ceux qui va faire un tour dans les vignobles et chercher les petits producteurs pour notre plus grand bonheur. Son blog est une mine d’or pour qui veut en apprendre plus sur le vin. (Je me demande si c’est bien judicieux pour moi de lui faire de la pub, finalement…)
Bon, allez, vous n’y échapperez pas ! Si vous voulez apprendre et discuter de vin, je me ferai également un plaisir de vous accueillir sur mon propre blog Tous Sommeliers. Vous trouverez sur ce blog des conseils pour choisir, déguster et accorder vos vins, des réflexions sur le monde du vin, des visites de vignobles, etc. J’essaie d’y répandre la joie et la passion que j’ai à travailler dans le vin et à rendre le plus accessible possible le monde – un poil trop élitiste pour moi – du vin.
Voilà cher œnophiles mes astuces pour rapidement devenir un crack en vin. Le dernier conseil que je peux vous donner est sans doute le plus important à garder à l’esprit : goûtez avec envie, goûtez avec plaisir et autant que possible … goûtez avec des copains, c’est quand même plus sympa !
Hello Arthur,
Merci pour ta participation au carnaval d’articles!
J’aime beaucoup ton style d’écriture et, l’apprentissage du vin, c’est un sujet qui me titille aussi 😉
Je note : goûter en plein conscience, noter, travailler et se documenter!
A très bientôt
Salut Aurélie !
C’était un plaisir avec un sujet aussi facile à aborder !
Bonjour Arthur,
Merci beaucoup pour ta visite à mon blog et pour ton commentaire sympathique. 🙂
Voici je viens voir ton blog. J’avais toujours une question sur les sommeliers.
Tout le monde peut être un sommelier ou doit avoir un don?
Que fait-on pour améliorer la sensibilité de goût ?
A bientôt !
Maya
Bonjour Maya,
Il y a deux façon de te répondre :
– D’un point de vue professionnel (en en France) il faut généralement un diplôme pour être sommelier. C’est souvent sous la forme d’une mention complémentaire à un cursus de service en salle. Dans mon cas j’ai à la fois un CQP en Service Sommellerie et le niveau 2 du WSET (une certification plus large sur les vins du monde entier). Mais comme souvent dans la restauration, l’expérience prime souvent sur les diplômes 😉
– Pour ce qui est des « compétences » de sommellerie, j’affirme qu’elles sont acquérables par toute personne qui a encore le goût et l’odorat (c’est l’idée fondatrice de ce blog, d’ailleurs).
Pour ce qui est d’augmenter ta sensibilité, la dégustation en conscience (idéalement guidée), c’est le top! Il faut bien comprendre que TOUT passe par le cerveau, donc c’est aussi lui qu’il faut « entraîner » à goûter. Après c’est comme pour tout, il suffit d’installer un cercle vertueux d’apprentissage : j’apprends donc je sens plus de choses, donc j’apprécie plus donc je suis plus motivé encore pour apprendre!
Merci pour ton commentaire et à bientôt !
Hello Arthur,
Super intéressant ton article, ça me donne envie de prendre le temps d’approfondir le domaine du vin 🙂
Sur ce… une bonne bouteille entre amis !
Santé 😉
Salut Olivier !
Merci pour ton enthousiasme !
Oui entre amis c’est toujours meilleur!
C’est intéressant ton approche parce qu’au final, c’est assez transversal ! Tous les apprentissages passent par une phase de dépassement du « je ne connais pas » pour prendre le temps de faire l’expérience, voir ce qu’on peut en tirer, puis approfondir en s’informant et ainsi enrichir sa pratique.
Exactement !
Le souci que j’ai souvent quand je parle avec des clients, c’est que cette expérience /connaissance leur paraît inaccessible.
La faute – malheureusement- au milieu même du vin qui paraît souvent obscur et élitiste. D’où la nécessité de casser les codes traditionnels du monde du vin pour le rendre moins opaque, plus accessible.